dimanche 12 mai 2013

Découverte du genre et du nombre en français

Il était temps d'aborder le genre et le nombre pour Eugénie. Enfin surtout le genre : elle a découvert qu'on ne disait pas "la censeur, elle arrive", mais bien "l'ascenceur, il arrive". Ça l'a laissée toute chose, d'ailleurs...

Je lui ai donc préparé un support afin qu'elle puisse visualiser le concept et manipuler les mots. C'est bien plus efficace qu'une leçon théorique.


Une fois ma feuille de base prête, je me suis rendue compte à mon grand désespoir que je suis finalement très conventionnelle comme fille... Le masculin en bleu, le féminin en rose... Quelle tristesse de devoir admettre que je n'ai même pas été capable d'appliquer mes propres discours faits à ma fille entre 2 et 4 ans, lorsqu'elle ne jurait que par le rose (que j'ai depuis pris en horreur), parce que "le rose c'est pour les filles, et le bleu pour les garçons...". Bouhouhou, je me suis vautrée dans le conformisme sans m'en rendre compte !! Mais notez tout de même que la ligne qui sépare le masculin du féminin est en pointillés, et non continue : c'est parce que malgré tout, faudrait pas que les mecs pensent qu'ils ne peuvent pas aider avec l'aspirateur (ou "la spirateur" ?). C'est en fait hyper sociologique, comme support de français, il n'est jamais trop tard pour planter les graines de la liberté de conscience chez les enfants.
Mais je m'égare.

Donc, nous avons le masculin d'un côté, le féminin de l'autre. En haut, le singulier, en bas, le pluriel.
J'ai choisi de décorer mon support avec des stickers schtroumpfs : un seul à côté du masculin singulier, plusieurs à côté du masculin pluriel. Et les schtroumpfettes sont du côté féminin.


J'ai imprimé des vignettes-mots, les ai découpées. Et Eugénie doit placer les mots un par un au bon endroit sur le support.
Pour cela, elle pose un mot au centre du support, sur la ligne. Elle se demande en premier lieu si le mot est masculin, ou féminin. Dit-on un planète, ou une planète ? On dit une, donc elle déplace le mot sur la case rose "féminin". Ensuite, le mot est-il au singulier ou au pluriel ? Les, ça veut dire qu'il y en a plusieurs, donc le mot va là où il y a plusieurs schtroumpfettes.


Je ne lui demande pas de retenir les termes par cœur ("masculin, féminin, singulier, pluriel"). Je veux qu'elle puisse visualiser le support dans sa tête, je veux que les couleurs parlent toutes seules, et qu'elle sache faire la distinction entre "un seul" et "plusieurs". La terminologie sera mémorisée sans qu'elle s'en rende compte, plus tard. Pour le moment, elle doit faire l'expérience concrète du genre et du nombre : selon l'éducation montessori, l'enfant manipule concrètement les concepts avant de les intellectualiser de manière abstraite.
Par conséquent, si, en dehors du support, je demande à Eugénie "peux-tu me dire le genre et le nombre de : les crayons", et qu'elle me répond "bleu, plusieurs", j'admets la réponse. Elle est parfaitement correcte. Très vite elle me dira "masculin pluriel", à force de voir les termes sur le support.

La preuve que cet exercice fonctionne et qu'elle a bien compris comment il fonctionne : elle a placé "les enfants" sur la ligne (en pointillés, rapport à l'aspirateur), en bas. Elle m'a expliqué qu'il y en a plusieurs, donc "ça va en bas", mais que "parfois on dit un enfant, parfois on dit une enfant, alors ça peut être les deux".
J'avoue que je n'y avais pas pensé, c'était pour moi du masculin pluriel, mais son explication se tient !

Par la suite, on a regardé de plus près les mots qui sont rangés dans la catégorie "pluriel". Je lui ai demandé de trouver leur point commun. Bien sûr, je me suis arrangée pour qu'il n'y ait que des pluriels réguliers (j'ai enlevé les vignettes les chevaux, mes yeux...). Elle s'est alors apercue alors qu'ils ont tous un s à la fin. Et hop, une règle de français découverte sans leçon magistrale préalable, encore une fois dans l'optique montessori. La règle est bien plus facilement assimilée, puisqu'Eugénie l'a formulée avec ses propres mots.


Caroline


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